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Société 28/04/2010 à 10h29 (mise à jour à 13h42)

«La psychiatrie a besoin de moyens, de visites à domicile, pas seulement de médicaments»

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Recueilli par Marie Piquemal

Dimanche à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), un père de famille a été poignardé dans son jardin. L'agresseur présumé souffre de schizophrénie, selon le procureur. Et a été hospitalisé onze fois entre 2002 et 2008. Le mois dernier, un homme de 50 ans a été poussé sous la rame du RER à Paris. Là aussi, l'agresseur présumé était diagnostiqué comme schizophrène depuis 2005.

Ces faits divers soulèvent les mêmes questions: pouvait-on éviter le drame? Quelle prise en charge pour les malades souffrant de troubles psychiques ? Le gouvernement mijote un projet de loi pour élargir l'obligation des soins. Qui fait bondir le psychologue Pascal Ollivier, porte-parole du collectif «Sauvons le soin psychique».

On a le sentiment qu'une meilleure prise en charge aurait permis d'éviter ces drames. Qu'en pensez-vous ?

Le risque zéro n'existe pas. Il n'y a pas plus de passage à l'acte qu'auparavant. Ce qui a changé, c'est le traitement médiatique. Aujourd'hui, les faits divers sont amenés sur le devant de la scène, avec cette idée portée par les politiques: «On aurait dû, on aurait pu empêcher ce drame.» L'Etat se présente comme étant capable de prémunir ses citoyens de tous les dangers. Quand il n'y parvient pas, il cherche systématiquement un responsable sur qui rejeter la faute. C'est vrai pour tout: la tempête Xynthia, l'épidémie de grippe A... Dans le cas des personnes souffrant de troubles psychiques, l'Etat répond par un projet de loi pour donner des médicaments de force. Or, l'expérience le montre, l'injonction thérapeutique n'est pas la solution.

Pour quelle raison?

On fait croire aux gens qu'une personne dangereuse, pour elle-même ou pour autrui, ne peut pas être soignée de force. C'est faux, la loi le prévoit depuis longtemps. On peut hospitaliser un malade contre son gré à la demande d'un membre de la famille à condition d'avoir deux certificats médicaux. Ou d'office sur arrêté du préfet. Le juge peut aussi imposer un traitement médicamenteux. L'injonction de soin existe, et ne résout pourtant pas tout. Comment s'assurer que les malades se soignent? En envoyant des policiers à leur domicile pour s'assurer qu'ils prennent bien leur pilule? Ce serait de la folie, ils n'ont aucune compétence en la matière. On ne prend pas en charge une personne dans un état psychotique délirant comme on interpelle un individu lambda dans la rue!

Il n'y a donc aucun moyen d'agir ?

Si, il faudrait redonner les moyens à la psychiatrie d'assurer l'accompagnement humain des malades. Permettre à nouveau aux professionnels de faire régulièrement des visites à domicile. Ce qu'on ne fait plus, faute de personnel. On le sait, les problèmes surviennent souvent quand le malade arrête les soins. Il prend les médicaments depuis quelques temps, se sent mieux, se croit guéri, interrompt le traitement... Et rechute. Sauf qu'il n'est plus en état de le reconnaître et de demander de l'aide. Seul un professionnel peut renouer le lien et éviter le passage à l'acte. Mais pour ça, il faut de l'argent.

La psychiatrie française manque-t-elle à ce point de moyens?

Faites le test, appelez votre centre médico-psychologique pour prendre un rendez-vous: six mois voire un an d'attente! La psychiatrie en France est dans un état catastrophique. A l'hôpital, le nombre de lits dans les services de psychiatrie a été divisé par dix en vingt ans, faute de personnel. Un patient que l'on gardait autrefois six mois ou un an dans nos services, sort aujourd'hui au bout de trois semaines en moyenne... Souvent, les médecins psychiatres n'ont d'autre choix que de forcer la dose du traitement médicamenteux pour que le malade tienne le coup jusqu'au prochain rendez-vous.

Ce n'est pas la solution. Faut-il le répéter, un médicament ne guérit pas une maladie psychique. Il permet juste à la personne d'avoir suffisamment de conscience pour entreprendre des soins de fond. D'ailleurs, certains patients passent à l'acte alors qu'il sont sous traitement médicamenteux. C'est une idée fausse de croire que les seuls médicaments peuvent suffire à protéger, cela sert les intérêts des laboratoires pharmaceutiques. C'est tout.

Votre collectif «Sauvons le soin psychique» se bat depuis plus d'un an contre la refonte de la convention collective de 1966 qui régit quelque 250.000 salariés travaillant dans le secteur associatif auprès des personnes dites «fragiles». Quelles peuvent être les répercussions pour les malades souffrant de troubles psychiques?

On est en train de s'attaquer au dernier bastion médical et social qui existe aujourd'hui: les associations. Je l'ai déjà dit, le service public de psychiatrie est aujourd'hui un cadavre debout. Dans la pratique, les malades sont renvoyés dans le meilleur des cas vers le secteur associatif qui a encore les moyens d'une prise en charge. Je travaille dans un hôpital de jour, géré par une association, qui s'occupe des adolescents de 13-21 ans souffrant de troubles psychiques graves. On dispose encore des moyens de travailler. Parfois, un jeune reste trois ou quatre ans dans nos unités. Le temps de faire un travail de fond pour qu'à l'âge adulte, il soit stabilisé.

Demain, si la refonte de notre convention collective était menée à terme, les conditions d'exercice de soins seraient compromises. Un diplôme de psychologue ou d'éducateur spécialisé ne serait plus requis, il suffirait d'avoir des compétences psychologiques ou d'encadrement. On se bat sans relâche, une nouvelle manifestation est prévue le 11 mai. Car si ce dernier filet saute, les malades seront soit à la rue, soit en prison.

Mobilisation 11 mai 2010

Bonjour à tous !

1) En PJ vous trouverez le tract de la manifestation du 11 mai.
A lire et à diffuser largement !

2) Également en PJ la "lettre d'info de la FEGAPEI" avec le compte -rendu de son AG annuelle.

On y apprend, entre autre, que...

La FEGAPEI ment
La FEGAPEI est au gouvernement.

En effet, lors d'une Commission paritaire tripartite, avril, La FEGAPEI, répondant à une question de la médiatrice de l'état affirmait ne pas souhaiter s'associer à la volonté déclarée de la FEHAP (CC51) de façonner une convention collective unique. Quelques jours plus tard, devant un parterre garni de membres du gouvernement, la même FEGAPEI vote solennellement :


"L’Assemblée générale, réunie le 17 avril, adopte la motion suivante :
« l’élaboration d’une convention collective unique et étendue s’inscrit dans la volonté permanente
de la FEGAPEI d’aboutir à une convention qui garantisse la qualité de l’accompagnement des
personnes handicapées, quelle que soit la nature de cet accompagnement.
A cet effet, toutes les démarches utiles et nécessaires auprès des organisations employeurs et des
organisations de salariés sont à engager rapidement.
La FEGAPEI ne ménagera pas ses efforts pour y parvenir.
La FEGAPEI ne ferme aucune porte à quelque négociation que ce soit."

Tout cela sous les hospices de devinez qui...
Nicole Notat ! (ex prêtresse de la CFDT, passée à deux doigts d'une entrée au gouvernement Sarkozy, mais qui n'a pas manqué sa reconversion dans le privé).

3) On ne saurait être complet sans une lecture attentive du "rapport d'orientation 2010" de la même FEGAPEI. C'est ni plus ni moins que le menu par lequel ils veulent nous manger!

Et si l'idée d'une mobilisation le 11 mai ne vous parait pas d'actualité, sur le front semble-t-il assagi des négociations; la seule lecture de cet extrait doit vous réveiller jusqu'en juillet au moins !

"II-2 / CCNT 66 : Aller jusqu’au bout dans la rénovation de la convention
collective par la voie des négociations
L’ambition de rénovation de la convention collective correspond à
l’objectif de pouvoir recruter demain, en nombre suffisant de jeunes
professionnels qualifiés compétents avec des carrières attractives.
C’est un enjeu d’attractivité de notre secteur et donc de qualité de
l’accompagnement.
Depuis plus d’un an les négociations avancent pas à pas. Les
prochains mois seront décisifs. Il est possible que l’on soit confronté à
des choix portant sur des variables liées au temps de travail, aux
économies de gestion voire à des arbitrages impliquant l’emploi.
Fidèles à notre volonté de faire de l’optimisation des moyens le
levier des créations de places et du développement de notre
secteur, je m’engage à ce qu’aucune signature de la Fegapei ne
soit décidée sans consultation préalable des associations
adhérentes. Vraisemblablement sous forme d’Assemblée Générale
Extraordinaire."

AU MOINS ON NE POURRA PAS DIRE QUE NOUS N'ÉTIONS PAS PRÉVENUS!

AU 11 MAI !




Pascal Ollivier pour le Collectif SLSP!


Tous Dans La Rue Le Mardi 11 Mai


FEGAPEI Lettre Information 462

Compte-rendu de l’assemblée générale de « Sauvons le soin psychique » élargie aux collectifs d’IdF

Compte-rendu de l’assemblée générale de « Sauvons le soin psychique » élargie aux collectifs d’IdF

1) La réunion s’est centrée sur la validation et la préparation de la mobilisation du 11 mai. Celle-ci marque le retour de notre présence aux commissions paritaires et de la volonté d’apparaître en région parisienne.

Après les ratés du 15 mars et les nombreux témoignages de professionnels et d’étudiants demandant de sortir de l’apathie, nous avions proposé cette initiative. La coordination nationale des collectifs l’a validée lors de son ag du 27 mars et les collectifs d’Ile de France avaient donné très rapidement leur accord. Pour le moment seul le syndicat Sud a affirmé son soutien et son engagement de lancer un appel officiel couvrant la journée du 11/05.

Même si la perspective du 1er juin a été évoquée positivement, l’ag a clairement exprimée la volonté de ne pas attendre cette hypothétique journée nationale pour manifester notre colère devant les plans patronaux et notre désir de défendre et d’améliorer les conventions du secteur.

2) La négociation sur la cc66 semble s’enliser au niveau de la commission paritaire (séance du 7/04 annulée) ou avancer très lentement. Les points les plus importants d’amélioration ne figurent pas à l’ordre du jour. Une sorte de statu quo anesthésiant s’installe. Raison de plus de mettre en avant nos revendications les plus légitimes (telle la généralisation des CT…) !

3) Mais hors de question de tout concentrer sur les paritaires car l’essentiel s’organise ailleurs par le biais de la mise en place des ARS et des restrictions budgétaires (répercussions de l’étranglement financier des collectivités territoriales qui opèrent des coupes sombres dans les budgets sanitaires et sociaux) Ex : dans le 78 où un appel d’offre du Conseil Général conduit à des dizaines de licenciements en Prévention par concentration d’associations, et l’AEMO va suivre !

4) Après la décision de la FEHAP de lancer son offensive patronale d’attaque tous azimuts de la cc51, déjà bien « toilettée », il est urgent de réagir tous ensemble, en soutenant d’abord les salariés attaqués, et de contrer le projet de convention collective unique du secteur qui se profile à la suite.

5) Nous avons avancé sur la forme de la manifestation du 11 mai :

-rassemblement quai de Javel vers 9h pour accueillir les négociateurs et leur faire part de nos points de vue (aimablement ! Pas question de blocages ou d’envahissement…) jusqu’après 10h-10h30.

-puis départ en cortège vers la Maison de la Radio (appel à la presse), avant de revenir rive gauche pour emprunter la rue de la Convention (nous la tiendrons, elle est à nous !!) jusqu’au Métro : arrêts prévus avec prises de paroles devant tous les n° symboliques (51, 66 etc), parcours à confirmer après contacts avec la Préfecture. Fin de la manif au plus tard midi.

concrètement : un tract des collectifs devrait être prêt rapidement. Une sono est prévue. Reste à imaginer des slogans (reprise et renouvellement de ceux de l’an dernier), à réfléchir aux prises de parole (que chaque convention puisse s’exprimer), des animations pour égayer le cortège. La grève peut être totale ou partielle (demi-journée).

Il est important de s’adresser aussi aux familles ou « usagers » (essayer d’écrire une lettre type). Une relance va être faite pour relancer les organisations syndicales (CGT, FO) qui n’ont pas répondu au niveau des fédés (que chacun le fasse aussi localement).

Pour préparer au mieux l’initiative une nouvelle réunion est prévue :

MERCREDI 5 MAI à l’hôpital de Jour MARIE ABADIE, 19h,

41 rue Raymond Losserand 75014 (M° Pernéty)

Venez nombreux avec toutes vos suggestions !