Aux signataires de la pétition "La nuit sécuritaire"

Cher(e) signataire de la pétition "La Nuit Sécuritaire",



Le mouvement continue, et s'organise.



Rappelons les faits :

Depuis plusieurs mois, des réformes concernant la psychiatrie sont en préparation, et se sont accélérées depuis le discours du Président de la République le 2 décembre 2009. La psychiatrie y est abordée sous le seul angle sécuritaire, sans aucun égard pour le soin !

Quelques semaines plus tard paraissait déjà la circulaire d'application de ces projets pas encore discutés avec les professionnels : la circulaire du 22 janvier 2009, qui attribue déjà les budgets par région pour la créations de chambres d'isolement supplémentaires, d'unités fermées, de vidéosurveillance, de bracelets électroniques.

Depuis décembre également, les "évasions" de patients hospitalisés sont de plus en plus médiatisées, virant même à la chasse à l'homme à grand renforts d'hélicoptères (Hôpital de St Avé, témoignage en pièce jointe) ! Des hôpitaux psychiatriques sont "sécurisés" avec bareaux aux fenêtres, interdictions de promenades dans les parcs, annulation arbitraires de permission pour des patients en HO.



Nos Actions :

1. La pétition a déjà plus de 23 000 signatures. Continuez à la diffuser, à la faire signer : SIGNEZ LA PETITION "LA NUIT SECURITAIRE"

2. Refus de la "manne avilissante" de la circulaire du 22 janvier : nous nous engageons tous à nous opposer à l'application de la circulaire, à ne pas accepter d'argent pour enfermer quand on en aurait besoin pour soigner. Notre texte ici : "NON merci nous ne voulons PAS DE CETTE MANNE AVALISSANTE",

3. Nous appelons à l'opposition aux processus d'évaluation, de certification, dont les critères déshumanisants sont incompatibles avec le soin en psychiatrie.

4. Nous appelons tous les soignants et citoyens à reprendre la parole en écrivant au Président de la République.

5. Nous avons créé un collectif d'avocat, prêts à être interpellés notamment lorsque que l'hospitalisation d'office serait maintenue par le préfet malgré les demandes de l'équipe soignante. Nous rappelons l'article 3211-3 du Code de Santé Publique, que nous vous invitons à rappeler dans tous vos certificats d'HO : << Lorsqu'une personne atteinte de troubles mentaux est hospitalisée sans son consentement en application des dispositions des chapitres II et III du présent titre ou est transportée en vue de cette hospitalisation, les restrictions à l'exercice de ses libertés individuelles doivent être limitées à celles nécessitées par son état de santé et la mise en œuvre de son traitement. En toutes circonstances, la dignité de la personne hospitalisée doit être respectée et sa réinsertion recherchée.>>

6. Nous avons participé à l'Appel des Appels depuis sa création

7. et aux États Généraux de la Justice Pénale , dont une des 5 commissions porte sur "Responsabilité Pénale et maladie mentale". Vous trouverez l'appel du 20 juin en pièce jointe, document concluant cette première journée d'États Généraux.

8. Aujourd'hui, nous demandons un MORATOIRE d'un an accompagné d'un vrai débat public national, sur les réformes engagées en psychiatrie.



Nos rencontres continuent avec vous, et se déplacent partout en France :

1. Après le meeting de Montreuil le 7 février

2. et le forum de l'association UTOPSY auquel nous étions présents (Intervention du collectif sauvons le soin psychique)

3. Le prochain forum aura lieu à Montpellier grace à l'association Isadora. Le vendredi 15 mai après-midi est consacré au forum de " La Nuit Sécuritaire " , et le samedi 16 mai au colloque de l'association sur le thème "La création au risque de l'Institution"

4. Et le suivant à Reims le 12 juin 2009 grace à l'association "la criée" : "l'hétérogène dans la clinique et dans la culture".



Vos lettres au Président de la République et aux députés nous arrivent et sont souvent des témoignages d'une psychiatrie vivante, créative, exigeante. Les détails du projet de lettres sont ici : lettre au Président de la République

Vous pouvez en lire une partie déjà mise en ligne sur le site web : Les premières lettres sont disponibles sur le site.

ECRIVEZ VOUS AUSSI VOTRE LETTRE. A envoyer :

- à l'Elysée directement en cliquant ici : " Ecrire au Président ". (attention, une fois envoyé, le texte n'est plus accessible, il faut faire un copier/coller avant d'envoyer). Vous pouvez également le faire, notamment si votre correspondance est accompagnée de pièces jointes, par voie postale à l'adresse suivante:
Monsieur le Président de la République
Palais de l'Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

- à votre député, qui devra examiner les projets de loi à venir, et qu'il faut donc informer.

- à notre collectif pour diffusion sur notre site web, à lanuitsecuritaire@collectifpsychiatrie.fr



D'autres infos sur le site www.collectifpsychiatrie.fr

Extraits d'interviews pluridisciplinaires lors de la manifestation 19 mars

Directeur de l'HDJ Marie Abadie


Soignante HDJ La Croix St Simon


Assistante sociale de L'HDJ de l'IPP


Éducatrice HDJ Marie Abadie



IME Roissy En Brie (Educateur et psychologue)

mobilisation du 19 mars 2009

Nous étions nombreux, très nombreux. Documents, extraits, interviews à découvrir bientôt sur notre site



COLLECTIF « SAUVONS LE SOIN PSYCHIQUE !»

NON A LA DISPARITION DU SOIN PSYCHIQUE !

NON A LA REVISION LIBERALE DE LA CONVENTION DE 66 !


Le collectif « Sauvons le soin psychique » réunit aujourd’hui les salarié(e)s de plusieurs Hôpitaux de jour, EMP, CMPP… , mobilisés contre le projet de réforme de la convention collective de 66.

Il est ouvert à tous dans les structures médico-sociales et sanitaires (soit également les IME, les CMPP, les CDJ, les Foyers Occupationnels et d’Hébergements, les MAS, les ESAT, etc). Car tous, nous devons refuser le ravalement de la personne humaine à un usager ou un client, objet de soins et porteur de handicap, et celui des professionnels à des techniciens appliquant des protocoles préétablis.

Sous couvert d’adaptation et de modernisation, les fédérations d’employeurs, collent à la logique libérale des réformes du système de santé français dans un contexte de restrictions budgétaires sans précédent. Ce projet est une attaque de plus, il s’ajoute aux réformes passées et à venir qui touchent le secteur des soins psychiques et de l’éducation:
• Démarche « qualité » (évaluation et accréditation)
• Du PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information) à la VAP (Valorisation de l’Activité en Psychiatrie)
• CPOM (Contrats Pluriannuels d’Objectifs et de Moyens) et LOLF (Loi d’Orientation sur les Lois de Finances)
• Rapport Couty sur la psychiatrie visant à la suppression du Secteur
• Le projet de loi «Hôpital, Patient, Santé, Territoire» qui promeut le rapprochement des secteurs sanitaire et médico-social ou leur mise en concurrence
• Rapport Varinard qui démantèle l’ordonnance de 1945 sur la protection de la jeunesse
• Lois sur le Handicap

Après la journée de négociation du 19 février dernier, et la mobilisation nationale du 4 mars à Paris, les syndicats patronaux sont forcés de reconnaître notre mobilisation historique. Ils ont ainsi accepté de sortir d’un cadre de négociation régi par l’article 3 de la convention. Il n’en reste pas moins que les négociations vont se poursuivre... Mais sur quelle base ? Leur cadre est on ne peut plus flou. Les employeurs ne vont pas renoncer sur le fond aux idées qu’ils avançaient dans leur premier texte. Les représentants patronaux y répondaient aux nouvelles contraintes budgétaires du secteur sanitaire et social par une remise en cause de l’ensemble des acquis conventionnels. Ils répercutaient ainsi les exigences d’économie des tutelles sur le dos des salariés :
• En introduisant un salaire individualisé.
• En gelant l’évolution des salaires à l’ancienneté et en introduisant une prime au mérite.
• En supprimant nos congés trimestriels et d’ancienneté.
• En introduisant des jours de carence en cas d’arrêt maladie.
C’est là une remise en causes de nos conditions d’exercices et par là même, une atteinte portée aux soins psychiques et éducatifs.
Un point nous alerte plus particulièrement car il attaque la spécificité même de nos cadres de travail, hérités de la psychanalyse et de la psychothérapie institutionnelle. En cherchant à toucher aux qualifications des salariés à travers de nouvelles classifications des emplois, les fédérations patronales attaquent, non seulement nos statuts, mais aussi introduisent au sein de nos métiers une hiérarchisation et une technicisation peu compatibles avec notre exercice. Il s’agit là d’un recul majeur qui nous préoccupe d’autant plus qu’il s’inscrit dans un contexte plus global où différent projets de réforme convergent vers cette idée du soin technique. La personne souffrante est considérée, non plus dans sa globalité, mais vue au travers de son seul handicap psychique ou social. Pour soigner, il n’est plus question de relation, d’expérience, d’étayage, mais de techniques. Ces techniques, une fois appliquées, sont supposées libérer la personne de son trouble du comportement et, comme par magie, de lui apporter le bien-être.

Cette vision pseudo-scientifique, simpliste et causaliste, sert de support théorique aux différents projets de réformes. Nos tutelles peuvent enfin étalonner le soin, en faire un objet mesurable, quantifiable. L’intérêt est grand pour elles à l’heure où l’on assiste au démantèlement de notre système de protection social. Il n’est plus question de soin, mais de gestion du soin. L’institution se transforme en une entreprise. Management et productivité prennent le pas sur la relation au patient. Et les « nouveaux » métiers de fleurir : les éducateurs deviennent des techniciens supérieurs d’éducation, les psychologues des cadres techniques paramédicaux et les directeurs des managers « de proximité » !

Bien sûr tous nos métiers comportent une part de technicité, mais elle est subordonnée à la pratique et à l’éthique. Le projet patronal, lui, est porté par une tout autre logique, celle, du contrôle, de la rentabilité et de la productivité.

Il faut sauver le soin psychique et éducatif des griffes libérales !

Nous ne sommes ni des applicateurs de protocoles standardisés ni des agents sécuritaires (!) … mais des accompagnateurs de la souffrance humaine, qui créent et inventent dans la rencontre pour rendre à l’autre sa parole et sa dignité.

Au-delà d’un appel à la mobilisation contre le projet de réforme de la CC66, le collectif veut élargir le débat aux différentes attaques qui sont portées contre le soin psychique actuellement.

Nous invitons les professionnels à se joindre à nous.
Nous invitons les syndicats à réfléchir avec nous aux graves conséquences sur le soin psychique et éducatif de toutes ces réformes et à ne pas faire leur le vocabulaire technocratique du patronat.


Prochaine AG du collectif, JEUDI 2 AVRIL 19 heures, Hôpital de jour SALNEUVE. 237 Avenue Jean Jaurès 93300 Aubervilliers. métro: Fort d'Aubervilliers


Pour plus d’infos : - mel:sauvonslesoinpsychique@yahoo.fr
-blog : www.sauvonslesoinpsychique.blogspot.com/

MOTION et nouveaux signataires

SAUVONS LE SOIN PSYCHIQUE !

Pour la première fois de leur histoire, les salariés de nombreux hôpitaux de jour ont pris la responsabilité de se mettre en grève le 29 janvier, le 4 et 19 mars 2009. Ces établissements de soin accueillent un nombre très important d’enfants, adolescents ou jeunes adultes souffrant de troubles psychiques graves (autisme, schizophrénie, psychose infantile…) Le travail qui y est effectué est long, difficile et rigoureux. Il dépend de l’implication d’une équipe soignante spécialisée et qualifiée. Ce travail apaise les angoisses et la souffrance des patients. Leur rapport à l’autre devient moins douloureux, le recours à des comportements dangereux pour eux ou pour autrui cède la place à la pensée et la parole, leurs capacités d’apprentissages scolaires et professionnels renaissent. Les conditions de travail dans ces établissements privés à but non lucratif, régis par les conventions dites de 1966 et de 1951, sont menacées ainsi que la qualité des soins. Parmi les changements envisagés pour la refonte de la convention 66 : la déqualification des personnels soignants. Ceux-ci sont actuellement recrutés au niveau bac+3 (éducateur spécialisé) ou bac+5 (psychologue), par exemple. Dans la nouvelle convention, ils deviennent tous des «techniciens», à différents échelons, sans référence au diplôme. Comment un personnel sans qualification spécifique pourra-t-il traiter ces patients? Est-ce que la santé psychique peut être considérée comme un «problème technique» ? Nous revendiquons le maintien de la qualité et de la spécificité de nos formations et de nos métiers, au service des plus fragiles de notre société. Nous revendiquons des conditions de travail décentes (salaire, congés, valorisation de l'ancienneté) garantes de la qualité des soins. Cette attaque sans précédent n’est que l’avant-garde de la destruction programmée de la pédopsychiatrie française qui concerne des milliers d’enfants et de familles.

Collectif « SAUVONS LE SOIN PSYCHIQUE ! »
sauvonslesoinpsychique@yahoo.fr

Hôpital De Jour Gombault-Darnaud (Paris),Hôpital De Jour Jean Macé (Montreuil 93),Hôpital De Jour Marie Abadie (Paris),Hôpital De Jour l'EPI (Paris),Hôpital De Jour Salneuve (Aubervilliers 93),Hôpital De Jour CEREP Adolescents (Paris),Hôpital De Jour La Croix Saint-Simon (Paris),Hôpital De Jour d'Antony (92),Hôpital De Jour Dutot (Paris),Hôpital De Jour Santos Dumont (Paris),Hôpital De Jour Les Vignolles d'Ermont (95),Hôpital De Jour Serge Lebovici (Paris), Hôpital De Jour U.S.I.S (Paris),Consultation filiation -CMP,Hôpital De Jour Ville d'Avray,Hôpital De Jour L'Envol (Mantes la jolie),Hôpital de Jour IPP (Paris),Hôpital de Jour Etienne Marcel (Paris),Hôpital de Jour La Grange Batelière (Paris),hôpital de jour Vacola (Paris 19).

Mobilisation de notre collectif pour la grève.

Structures fermées

HDJ Georges Vacola
HDJ Dutot
HDJ Lebovici
HDJ Les Vignolles
HDJ CEREP Montsouris (à partir de 13h)
HDJ Bayen (Gombault Darnaud) (à partir de 13h30)
HDJ Marie Abadie (après midi)

Structures où le Personnel est majoritairement en grève :
HDJ Cerep enfants
HDJ de l'IPP
HDJ La Croix St Simon
HDJ La Grange Batelière
HDJ d'Antony
HDJ Etienne Marcel
HDJ USIS
HDJ Salneuve
HDJ Jean Macé
HDJ Santos Dumont
HDJ Ville D'Avray
HDJ l'Epi
IME Alternance 75
IMPRO Kremlin Bicêtre

Compte rendu de la Coordination nationale des Collectifs CC 66 du 14 mars

Samedi 14 mars 2009 à PARIS s'est déroulée la
Coordination nationale des Collectifs CC 66

13 collectifs présents:
Nord (59/62),
Vaucluse (84),
Midi-Pyrénées regroupant plusieurs collectifs (09, 31, 65, 32, 81, 82, 11),
Gard (30), 3 collectifs,
Strasbourg (67),
Marne (51),
Marseille 13 en colère (13),
Haut Normand (76, 27)
Creuse (23)
Seine et Marne (77),
Seine-Saint-Denis (93),
Hauts de Seine (92)
Collectif "sauvons les soins psychiques" Ile de France (coordination des hopitaux de jour CC66 et CC51)

Des individuels représentants des collectifs en cours de constitution Yvelines (78), et Eure et Loire (28)

6 collectifs absents:
63, 87, 36, 23, 56 et Périgueux.

Dans les collectifs sont représentés principalement SUD, CGT, FO et parfois la CFDT, ou la CFTC et beaucoup de non syndiqué(e)s.

Les débats étaient fructueux et riches... et très unitaires.
Un compte rendu sera disponible sur le site national www.touche.pas.a.la.66

Résumé des prises de décision... axe revendicatif...
- Retrait immédiat et sans préalable du projet patronal,
- refus des logiques commerciales et financières,
- refus des filières,
- 300 € pour tous,

Nous revendiquons une action sociale et de soins de qualité respectueuse des personnes et ne pouvant s'inscrire que dans une logique de solidarité et de justice sociale.


Une charte va être écrite et rediscutée par tous les collectifs sur les bases ci-dessous explicitées.

Nous nous opposons à la logique de mise en concurrence de salarié(e)s entre eux et des activités entre elles,
Nous nous oppposons à la vision comptable, aux "économies d'échelle", qu'on veut nous imposer.
Notre lutte porte sur un projet fondé sur la solidarité et la justice sociale.

Décision a été prise de la constitution de la
Coordination Nationale des collectifs de défense et d'amélioration de la CC66

Le site national devient le site de la coordination nationale et non plus du seul comité comme il était ainsi nommé avant.

Un courrier va être envoyé aux syndicats négociateurs en reprenant nos revendications et en comptabilisant par collectif le nombre d'établissement représentés pour leur signifier que les collectifs sont le reflet d'une réelle représentativité du secteur et qu'ils devraient discuter sur nos décisions.

Proposition a été faite d'une prise de contact avec les salariés et les travailleurs sociaux des autres conventions collectives pour établir nos revendications communes.

Deux porte parole ont été élus... Florence du collectif 93 et Olivier du collectif nord 59/62.

Acte a été pris de se mobiliser à chaque commission paritaire, donc le 30 mars mobilisation...
Une prochaine coordination nationale est prévue le 25 avril à Paris.

Texte de P. Ollivier pour la journée Utopsy (cliquer ici pour voir la vidéo)

« Sauvons le soin psychique ! »


Depuis janvier 2009, les soignants de plus de vingt hôpitaux de jour et institutions de soin du secteur médico-social se sont constitués en collectif : "Sauvons le soin psychique !" .
Ils se sont mis massivement en grève jeudi 29 janvier pour la première fois de leur histoire.

Cette mobilisation a pour déclencheur la menace de destruction pure et simple de nos conditions d'exercice des soins, définies par la convention 66 collective depuis plus de quarante ans.
En effet, trois syndicats d’employeurs (FEGAPEI, SOP, SNASEA) veulent imposer une « révision » totale de ce cadre conventionnel.

Cette révision n’est que la volonté hégémonique d’appliquer à tous les champs de l’activité humaine le modèle libéral-rationaliste, né dans l’industrie puis généralisé à marche forcée.
Ecole, recherche, santé, social, justice…
Nul ne doit échapper au management procédural.


Cette attaque de la convention 66 n'est pas sans fondements idéologiques:

- Négation de la spécificité de notre mission de soin au profit du modèle entreprenarial. Annulation des 35 heures, paupérisation du domaine des soins. Passant de 300 à 100 pages, cette pseudo convention ne serait en fait que le cache misère d’un alignement sur le code du travail le plus strict. Le moyen : abaisser drastiquement les coûts par une attaque sur la masse salariale. Le but : viser, comme toute entreprise le doit, la rentabilité, la compétitivité, et pouvoir, à terme, intégrer une logique de marché.

- Négation de la nécessité d'un personnel formé, capable d'assumer des soins psychiques sur du moyen et long terme (spécificité intrinsèque de nos établissements thérapeutiques).
Cette "révision" ne reconnaît plus les diplômes et fonctions de psychologue, mais y substitue le vocable "technicien d'encadrement". L'éducateur spécialisé disparaît au profit du "technicien d'éducation". Le directeur administratif devient « manager de proximité », supervisant la stricte application des protocoles, et la « traçabilité » des actes.

Il y a toujours plusieurs pointes à un collier étrangleur. Cette casse de la convention 66 trouve parfaitement sa place auprès de l’accréditation et de ces procédures, du PMSI, du CPOM et de sa logique de regroupement, de la MEAH et de ses indicateurs quantitatifs, des PPS officialisant l’étiquetage « handicapé » pour nos patients, de la loi HPST, du rapport Couty…

1) Nous refusons le ravalement des soins psychiques à une prestation de service du secteur tertiaire

Le passage à la moulinette des procédures d’accréditation avait déjà promu la prépondérance de l’administratif, et des protocoles, c’est-à-dire d’une approche purement formelle au détriment de la richesse du contenu, de la pratique clinique.

Nos syndicats d’employeurs et le président de la république vont plus loin. Non seulement le directeur administratif doit être prépondérant, mais, il doit être, anobli au titre de «patron» avec les pleins pouvoirs.
Pour nos établissements privés, qui ne sont en fait que des associations loi 1901 à but non lucratif assurant une mission de santé publique, la menace est grave.

Cette attaque que nous subissons, et le combat que nous y opposons, sont en réalité la tête de pont d’une offensive généralisée contre la psychiatrie. Il est en effet plus aisé d’amener de petites unités de soins, de petites associations, vers une radicalisation libérale. Le modèle de « la bonne pratique standardisée » et de la logique financière, ne sont que le chemin vers la Mac Donaldisation du sanitaire et du médico-social.

Une fois cette torsion infligée, il sera alors bien plus facile de tordre la psychiatrie relevant de la fonction publique. Ce que seront devenues les unités de soin psychique associatives servira d’exemple. Un exemple implacable.


2) Nous refusons le ravalement des soins psychiques à une technique

Il faut nous l’avouer, notre pratique des soins est à l’envers de l’esprit du temps. Elle est d’ailleurs dénoncée de toute part comme obsolète, inefficace et, faute ultime, non rentable.
La psychiatrie française ? La psychanalyse ? Les hôpitaux de jours pour adolescents (émanation de 1968) ? La convention collective 1966 ?
Il n’y a plus d’ « updates to download » pour ces logiciels d’un autre âge.

Les « nouveaux formats » existent déjà : Les techniques cognitivo-comportementales.
Tout à fait syntones, elles, avec leur époque. Elles se disent « techniques », rapides et peu coûteuses.
Il y a une alliance objective entre libéralisme et TCC. Sans frémir certains neuroscientifiques prônent d’« opérer dans un réel environnement de libéralisme cognitif »(1). Enseignent la « neuroéconomie » et appliquent le « neuromarketing ». L’un d’eux, monsieur Oullier, prédit des lendemains qui chantent : « C’est un euphémisme d’expliquer que la neuroéconomie, et les neurosciences en général, suscitent de nos jours l’intérêt et ont une portée en dehors des laboratoires de recherche publics. Dans les milieux industriels, politiques, éducatifs, sportifs et financiers, pour ne citer que les plus explorés, la nécessité d’une meilleure compréhension du cerveau de l’individu semble devenue une priorité. Les premières applications que nous observons aujourd’hui au sein de la société laissent présager des bouleversements majeurs dans l’appréhension des sciences comportementales et leurs conséquences, voire dans la vision de l’humain et de la société. »

Il nous faut constater que la ligne de force des différents dispositifs et réformes auxquels nous sommes soumis, c’est de ne jamais aborder la question du contenu.
C’est que, de contenu, il ne devrait plus y avoir.
Mais des protocoles, et même un protocole des protocoles.
Mais des handicapés psychiques, qu’il s’agira naturellement de rééduquer.
Mais des comportements inadaptés socialement, au premier rang desquels le passage à l’acte violent, qu’il s’agira de reconditionner, et de sédater par un recours toujours plus grand à la pharmacologie.

La destruction de la convention 66 ne nous permettra plus de proposer des soins psychiques dignes de ce nom ? La belle affaire, puisque de tout cela il ne saurait plus être question !
Demain ? la maltraitance ! sous toutes ses formes. Les décideurs qui en sont aujourd’hui les instigateurs devront en assumer bientôt la responsabilité.

Ce découpage comportemental qu’est le protocole relève d’une conception du monde dont toute créativité subjective est abolie au profit de la duplication du même.
Cette haine du désir singulier, cette abrasion de toutes les différences, c’est exactement l’opposé du travail de soin psychique éclairé par la psychanalyse. Construction lente et toujours inédite, permettant à la plus pure singularité d’un être de se lier à l’universel. La personne souffrante et son lien renoué à la société.

Or, la demande sociale, faussement opposée au désir du sujet souffrant, est désormais mise au centre dans le discours présidentiel :

« L’espérance, parfois ténue, d’un retour à la vie normale, - j’ose le dire ici ne peut pas primer en toutes circonstances sur la protection de nos concitoyens. »


C’est pourquoi je suis particulièrement heureux du programme de cette journée. Car l‘erreur serait d’entériner ce clivage de nature paranoïaque, autant que démagogique. Il n’y a pas d’une part « le fou et ses psychiatres », et d’autre part « la société saine et ses victimes ». Nous savons que le fou n'appartient à aucune institution qui en serait dépositaire, mais circule dans toutes les institutions. Avec des moyens divers et le plus souvent scandaleux pour accueillir sa souffrance.
Malheureusement, ce morcellement est à l’œuvre de longue date entre nos institutions. Ce clivage est purement imaginaire et se nourrit de la peur. Il est entretenu par ceux qui nous administrent. Il pourrait empêcher un mouvement fort et unitaire de se former pour faire front aux affronts.

Nous y apportons aujourd’hui par notre rassemblement un démenti puissant .





Pascal OLLIVIER, psychologue, Hôpital de jour pour Adolescents « Gombault-Darnaud », 75017
sauvonslesoinpsychique@yahoo.fr

http://sauvonslesoinpsychique.blogspot.com/


(1) & (2) EXPLORATION DU CERVEAU, NEUROSCIENCES : AVANCÉES SCIENTIFIQUES, ENJEUX ÉTHIQUES
COMPTE RENDU DE L’AUDITION PUBLIQUE
Assemblée nationale et sénat DU MERCREDI 26 MARS 2008

(1) « Pour opérer dans un réel environnement de libéralisme cognitif, il faut transformer le procédé d’amélioration en bien public, accessible à tous, dont personne ne puisse être privé et dont l’usage n’épuise en rien la ressource. En outre, de tels dispositifs peuvent être utilisés dans des buts thérapeutiques, ou pour améliorer la performance d’un individu. Il faut dès lors créer un nouveau garant, une Agence nationale de l’amélioration cognitive chargée d’évaluer le procédé, son innocuité, sa réelle efficacité, son accessibilité, etc. »
M. Hervé CHNEIWEISS, Directeur du laboratoire de plasticité gliale, Centre de Psychiatrie et neurosciences (INSERM), Membre du Conseil scientifique de l’OPECST.

(2) « Donner, vendre, investir, récompenser, punir, sont des actions qui scandent notre quotidien, lequel peut être considéré comme une succession de décisions conscientes ou non. Si le mariage entre neurosciences et économie peut paraître improbable, il offre aujourd’hui la possibilité d’étudier la dynamique comportementale et cérébrale d’un ou plusieurs individus en interaction dans des situations de plus en plus réalistes et écologiques. Cette discipline universitaire permet aussi d’affiner les théories économiques néo-classiques basées principalement sur l’idée d’un agent purement rationnel, en explorant le rôle des émotions dans les décisions économiques et morales. Elle est une superbe illustration de la multidisciplinarité. C’est un euphémisme d’expliquer que la neuroéconomie, et les neurosciences en général, suscitent de nos jours l’intérêt et ont une portée en dehors des laboratoires de recherche publics. Dans les milieux industriels, politiques, éducatifs, sportifs et financiers, pour ne citer que les plus explorés, la nécessité d’une meilleure compréhension du cerveau de l’individu semble devenue une priorité. Les premières applications que nous observons aujourd’hui au sein de la société laissent présager des bouleversements majeurs dans l’appréhension des sciences comportementales et leurs conséquences, voire dans la vision de l’humain et de la société. »

M. Olivier OULLIER, enseignant chercheur en neuroéconomie, université de Marseille.

Tract de la mobilisation du 4 mars 2009












COLLECTIF « SAUVONS LE SOIN PSYCHIQUE !»

NON A LA DISPARITION DU SOIN PSYCHIQUE !

NON A LA RÉVISION LIBERALE DE LA CONVENTION DE 66 !

Le collectif « Sauvons le soin psychique » réunit, aujourd’hui, les salarié(e)s de plusieurs Hôpitaux de jour et EMP, mobilisés contre le projet de réforme de la convention collective de 66.

Il est ouvert à tous dans les structures médico-sociales et sanitaires (soit également les IME, les CMPP, les CDJ, les Foyers Occupationnels et d’Hébergements, les MAS, les ESAT, etc). Car tous nous devons refuser le ravalement de la personne humaine à un usager ou client, objet de soins et porteur de handicap, et celui des professionnels à des techniciens appliquant des protocoles préétablis

Sous couvert d’adaptation et de modernisation, les fédérations d’employeurs, collent à la logique libérale des réformes du système de santé français dans un contexte de restrictions budgétaires sans précédent. Ce projet est une attaque de plus, il s’ajoute aux réformes passées et à venir qui touchent le secteur des soins psychiques et de l’éducation:

  • Démarche « qualité » (évaluation et accréditation)
  • Du PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information) à la VAP (Valorisation de l’Activité en Psychiatrie)
  • CPOM (Contrats d’Objectifs et de Moyens) et LOLF (Loi d’Orientation sur les Lois de Finances)
  • Rapport Couty sur la psychiatrie visant à la suppression du Secteur
  • Le projet de loi «Hôpital, patient, territoire, santé» qui promeut le rapprochement des secteurs sanitaire et médico-social ou leur mise en concurrence
  • Rapport Varinard qui démantèle l’ordonnance de 1945 sur la protection de la jeunesse
  • Lois sur le Handicap

Après la journée de négociation du 19 février dernier, qui a réuni l’intersyndicale et les fédérations d’employeurs notre mobilisation se renforce. Si les syndicats patronaux ont accepté de sortir d’un cadre de négociation régi par l’article 3 de la convention, il n’en reste pas moins que des négociations vont se poursuivre. Sur quelle base ? Leur cadre est on ne peut plus flou. Les employeurs ne vont pas renoncer sur le fond aux idées qu’ils avançaient dans leur premier texte. Les représentants patronaux y répondaient aux nouvelles contraintes budgétaires du secteur sanitaire et social par une remise en cause de l’ensemble des acquis conventionnels. Ils répercutaient ainsi les exigences d’économie des tutelles sur le dos des salariés :

  • En introduisant un salaire individualisé.
  • En gelant l’évolution des salaires à l’ancienneté et en introduisant une prime au mérite.
  • En supprimant nos congés trimestriels et d’ancienneté.
  • En introduisant des jours de carence en cas d’arrêt maladie.

C’est là une remise en causes nos conditions d’exercices et par même une atteinte portée aux soins psychiques et éducatifs.

Un point nous alerte plus particulièrement car il attaque la spécificité même de nos cadres de travail, hérités de la psychanalyse et de la psychothérapie institutionnelle. En cherchant à toucher aux qualifications des salariés à travers de nouvelles classifications des emplois les fédérations patronales attaquent, non seulement nos statuts, mais aussi introduisent au sein de nos métiers une hiérarchisation et une technicisation peu compatibles avec notre exercice. Il s’agit là d’un recul majeur qui nous préoccupe d’autant plus qu’il s’inscrit dans un contexte plus global ou différent projets de réforme convergent vers cette idée du soin technique. La personne souffrante est considérée, non plus dans sa globalité, mais vue au travers de son seul handicap psychique ou social. Pour soigner il n’est plus question de relation, d’expérience, d’étayage, mais de techniques. Cette technique, une fois appliquée, est supposée libérer la personne de son trouble du comportement et, comme par magie, lui apporter le bien-être.

Cette vision pseudo-scientifique, simpliste et causaliste, sert de support théorique aux différents projets de réformes. Nos tutelles peuvent enfin étalonner le soin, en faire un objet mesurable, quantifiable. L’intérêt est grand pour elles à l’heure où l’on assiste au démantèlement de notre système de protection social. Il n’est plus question de soin, mais de gestion du soin. L’institution se transforme en une entreprise, management et productivité prennent le pas sur la relation au patient. Et les « nouveaux » métiers de fleurir : les éducateurs deviennent des techniciens supérieurs d’éducation, les psychologues des cadres techniques paramédicaux et les directeurs des managers « de proximité » !

Bien sûr tous nos métiers comportent une part de technicité, mais elle est subordonnée à la pratique et à l’éthique. Le projet patronal, lui, est porté par une tout autre logique, celle, du contrôle, de la rentabilité et de la productivité.

Il faut sauver le soin psychique et éducatif des griffes libérales !

Nous ne sommes ni des applicateurs de protocoles standardisés ni des agents sécuritaires (!) …mais des accompagnateurs de la souffrance humaine, qui créent et inventent dans la rencontre pour rendre à l’autre sa parole et sa dignité.

Au-delà d’un appel à la mobilisation contre le projet de réforme de la CC66, le collectif veut élargir le débat aux différentes attaques qui sont portés contre le soin psychique actuellement.

Nous invitons les professionnels à se joindre à nous.

Nous invitons les syndicats à réfléchir avec nous aux graves conséquences sur le soin psychique et éducatif de toutes ces réformes et à ne pas faire leur le vocabulaire technocratique du patronat.

Prochaine AG du collectif, mercredi 11 mars à 19heures, Hôpital de jour Marie Abadie. 41 rue Raymond Losserand 75014.

Pour plus d’infos : - mel:sauvonslesoinpsychique@yahoo.fr

-blog : www.sauvonslesoinpsychique.blogspot.com/