Notre texte pour le meeting de la nuit sécuritaire.

REFUSONS UNE REFONTE IDEOLOGIQUE DE LA CCN 66

SAUVONS LE SOIN PSYCHIQUE !

Le 20 janvier 2009, les soignants des hôpitaux de jour ont lancé un appel à la mobilisation.

Cet appel avait pour déclencheur la menace de destruction pure et simple de nos conditions d'exercice des soins, définies par la convention 66 depuis plus de quarante ans.

En effet, unilatéralement, trois syndicats d’employeurs (SOP, SNASEA, FEGAPEI) veulent imposer une refonte totale de ce cadre conventionnel.

Cette attaque n'est pas sans fondements idéologiques:

- Négation de la spécificité de notre mission de soin au profit du modèle entreprenarial, annulation des 35 heures, paupérisation du domaine des soins. Passant de 300 à 100 pages, cette pseudo convention ne serait en fait que le cache misère d’un alignement sur le code du travail le plus strict.

- Négation de la nécessité d'un personnel formé, capable d'assumer des soins psychiques sur du moyen et long terme (spécificité intrinsèque des hôpitaux de jour).

Cette "refonte" ne reconnaît plus les diplômes et fonctions de psychologue, mais y substitue le vocable "technicien d'encadrement". L'éducateur spécialisé disparaît au profit du "technicien d'éducation".

Cette double négation consonne parfaitement avec la vison bipolaire de la psychiatrie explicitée à Antony. L’obligation sécuritaire d’une part. L’obligation entreprenariale d’autre part.

Ravalement des soins psychiques à une prestation de services du secteur tertiaire

Le passage à la moulinette des procédures d’accréditation avait déjà promu la prépondérance de l’administratif, et des protocoles, c’est-à-dire d’une approche purement formelle au détriment de la richesse du contenu, de la pratique clinique.

Nos syndicats d’employeurs et le président de la république vont plus loin. Non seulement le directeur administratif doit être prépondérant, mais, il doit être, anobli au titre de «patron».

Pour nos établissements privés, qui ne sont en fait que des associations loi 1901 à but non lucratif assurant une mission de santé publique, la menace est grave. De plus, elle est à court terme, puisque le passage en force est programmé pour aboutir en mars.

Cette attaque que nous subissons, et le combat que nous y opposons, sont en réalité la tête de pont d’une offensive généralisée contre la psychiatrie. Il est en effet plus aisé d’amener de petites unités de soins, de petites associations, vers une radicalisation libérale. Le modèle étant finalement la P.M.E.

Une fois cette torsion infligée, il sera alors bien plus aisé de tordre la psychiatrie relevant de la fonction publique. Ce que seront devenu les unités de soin psychique associatives servira d’exemple. Un exemple implacable.

2) Ravalement des soins psychiques à une technique

Il faut nous l’avouer, notre pratique des soins est à l’envers de l’esprit du temps. Elle est d’ailleurs dénoncée de toute part comme obsolète, inefficace et, faute ultime, non rentable.

La psychiatrie française? La psychanalyse? Les hôpitaux de jours pour adolescents (émanation de 1968) ? La convention collective 1966 ?

Il n’y a plus d’updates to download pour ces logiciels d’un autre âge.

Les «nouveaux formats» existent déjà : Les thérapies cognitivo-comportementales.

Tout à fait syntones, elles, avec leur époque. Elles se veulent «techniques», rapides, peu coûteuses.

Enfin, et surtout, elles n’ont que faire du contenu (le sujet, son histoire…). C’est là une grande qualité.

Il nous faut constater que la ligne de force des différents dispositifs et réformes auxquels nous sommes soumis, c’est de ne jamais aborder la question du contenu.

C’est que, de contenu, il ne devrait y avoir.

Mais des protocoles, et même un protocole des protocoles.

Mais des handicapés psychiques, qu’il s’agira naturellement de rééduquer.

Mais des comportements inadaptés socialement, au premier rang desquels le passage à l’acte violent, qu’il s’agira de reconditionner, et de sédater par un recours toujours plus grand à la pharmacologie.

La destruction de la convention 66 ne nous permettra plus de proposer des soins psychiques dignes de ce nom ? La belle affaire,puisque de tout cela il ne saurait plus être question!

La demande sociale, s'opposant au désir du sujet souffrant, est désormais mise au centre. La parole présidentielle a ici le mérite de la clarté :

«L’espérance, parfois ténue, d’un retour à la vie normale, - j’ose le dire ici ne peut pas primer en toutes circonstances sur la protection de nos concitoyens.»

Face à ces constats, les soignants de près de vingt hôpitaux de jour se sont mis en grève jeudi 29 janvier pour la première fois de leur histoire. Ils se sont constitués en collectif "Sauvons le soin psychique !" Nous souhaitons accueillir d’autres soignants pour agir, et nous associer aux entreprises collectives déjà constituées.

Il y a un «malaise dans la civilisation». Ce malaise nous empêche de dormir, mais il ne s’agit pas d’un trouble du sommeil. C’est un éveil, une vigilance et une action face à la «nuit sécuritaire» qui vient.

Pascal OLLIVIER

Psychologue

Collectif « Sauvons le soin psychique!»

1 commentaire:

  1. On assiste maintenant à un démentellement entiers de notre travail, tel des embauches comportementalistes proposant d'embaucher des futurs psychologues au smig dans les ash .
    Plus de reflexions, plus de barrières, c'est un tout liberal, qui marginalise un enfant souffrant, j'en ai peur. merci

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